Le Département de la Police et des Contrôles (DPC), direction
de Mons, a commandé une étude afin d’évaluer les odeurs émises par CL Warneton.
Une conséquence des nombreuses plaintes émises essentiellement par les
habitants de Warneton et de Deûlémont.
Pousser Clarebout à réduire les nuisances olfactives
Odométric, un bureau d’études établi à Arlon, met en place
un «réseau de nez». Mercredi soir, dans la salle de la justice de paix, Julien
Delva, l’administrateur délégué, a présenté les principes de l’étude devant une
bonne soixantaine de personnes. Olivier Dekyvere, directeur du DPC Mons et
Patrick Malingreau, de la Police de l’environnement ont apporté des précisions.
«Cette étude vient en complément du travail d’évaluation des
nuisances olfactives initié et confié à Olfascan, a expliqué Olivier Dekyvere.
Suite à des plaintes, des dépassements ont été constatés et nous voulons
objectiver les nuisances. En sorte, faire une photographie exacte des odeurs. À
la fin de l’étude, dans six mois, nous avertirons l’entreprise et, si
nécessaire, nous l’inviterons à réduire les nuisances. Un plan d’action doit
être mis en place dans les 30 jours, incluant un délai d’exécution des travaux.
Si, par la suite, des dépassements sont constatés, la justice entre en jeu et
les condamnations se montent à des dizaines de milliers d’euros. Les aspects
«constatations» et «sanctions» sont tout à fait séparés!»
L’étude s’étend sur une période de six mois, soit du 22
octobre 2015 au 21 avril 2016. Julien Delva a résumé la technique mise en
place.
Déterminer l’origine des odeurs
Premièrement, des mesures seront réalisées par Odométric et
Olfascan pour déterminer les distances de perception et les origines des
odeurs. Olfascan proposera des solutions. Deuxièmement, des riverains
constituent un réseau de nez. Quatre jours par semaine, matin et soir, ils sont
amenés à déterminer s’il y a ou non odeur et à tenter de la caractériser.
Troisièmement, en cas d’odeur forte ou gênante, les membres du réseau peuvent
en informer directement Odométric. Tout se fait via internet et un code
d’accès. Quatrièmement, des spécialistes qui œuvrent pour Odométric et qui
constituent un jury de nez peuvent intervenir pour mieux caractériser les
odeurs.
Toutes ces données seront ensuite analysées et reliées aux
conditions météorologiques. À la mi-enquête, en janvier, une premier
réunion-bilan sera organisée.
Les riverains se sont montrés très respectueux, contents
d’être enfin écoutés.
Des riverains disposés à collaborer, plutôt calme, la
réunion d’1h20, a été ponctuée par quelques interventions. Didier Soete s’est
inquiété de la neutralité de l’étude.
L’entreprise Clarebout ne va-t-elle pas «acheter les
résultats»? Réponse de Julien Delva: «Notre bureau d’études est agréé par la
Région wallonne, avec une nécessaire indépendance». Jean-Philippe Woestyn a
trouvé dommage que l’étude s’arrête avant l’été: «Quand la température
augmente, les cuves de décantation émettent des odeurs vraiment désagréables.»
Réponse: «Si nécessaire, l’étude se poursuivra. L’été, la station d’épuration
travaille davantage, mais la dispersion est meilleure. L’hiver, c’est
l’inverse.»
Pascal Bossue s’en est pris à Franky Deconinck, responsable
chez CL Warneton des relations avec les riverains: «Quand on lui téléphone pour
signaler des odeurs, il répond: prenez patience… Le dimanche, je l’invite pour
prendre l’apéro et constater la puanteur. Il ne vient jamais! À quoi sert-il?
Le matin, la première chose que je fais, c’est de regarder la direction du vent.
Quand il m’est favorable, je plains les autres!»
Même constat par Élisabeth Dumoulin: «On l’appelle à 18 h.,
Monsieur Deconinck arrive le lendemain matin, quand l’odeur a disparu.» Et de
renchérir: «Une dame de Deûlémont, qui travaille dans un laboratoire, se plaint
d’une odeur d’acide, qui proviendrait de l’eau de la Lys. L’entreprise y
rejetterait ses eaux usées industrielles.» Réponse d’Olivier Dekyvere: «Il faut
faire constater par la police de l’environnement. Ce fait n’entre pas dans
l’étude olfactive.»
Julien Delva, Olivier Dekyvere et Patrick Malingreau ont
apporté un éclairage scientifique et législatif.
Beaucoup plus de nez que prévu ! Alors qu’Odométric était à
la recherche de 15 à 30 nez, ce sont environ 80 personnes qui se sont
proposées, sachant que le comité de Deûlémont a fourni une liste d’une
trentaine de noms.
«J’ai trouvé la réunion très positive et assez respectueuse.
On sent bien qu’il y a un problème et qu’il faut chercher des solutions. Même
si le réseau sera important, je pense qu’il faut accepter tout le monde, quitte
à se séparer par la suite de ceux qui n’envoient pas régulièrement les données.
L’important est qu’il y ait une bonne répartition spatiale.», précise Julien
Delva, qui habite dans la région de Virton, mais est originaire d’Haubourdin,
près de Lille. «Ma famille y réside encore. Je me suis souvent baladé à vélo le
long de la Lys».
La présentation à peine terminée, les riverains se sont
précipités pour fournir leurs coordonnées.
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