À 86 ans, Jeaninne est assurément la commerçante la plus
âgée de la région. Elle vient toutefois de décider de quitter le comptoir de
son magasin de la rue du Touquet.
Cette Bizétoise d’origine, née Vermeersch, se marie en 1958
au Messinois Yves Hellem: «J’ai arrêté mon travail en confection, chez
Delesalle à Houplines, pour aider mon mari. On s’est d’abord installé dans la
rue Duribreu avant d’acheter la boucherie Roetynck, dans la rue du Touquet. Mon
mari était ami avec le fils de ces commerçants. Nous avons ouvert ici, en mai
1968.»
Bientôt Tobacco City! :
Tandis que son mari faisait des travaux de peinture et
posait du papier peint et du revêtement de sol, Jeannine vendait des rideaux,
des tentures, de la droguerie, etc. et réalisait des travaux de confection.
«Mon mari est mort en 1993, mais je n’ai jamais pensé à arrêter parce que je
voulais continuer son œuvre, mais aussi parce que j’aimais bien le contact avec
la clientèle. J’ai cousu des rideaux et des tentures jusqu’à l’année dernière!»
Xavier, leur fils unique, a repris un temps la relève, mais
des ennuis de santé l’ont amené vers d’autres activités.
«À mon sens, mes parents ont eu les bonnes années. À partir
des années 1980 et l’avènement des magasins de bricolage, le chiffre d’affaires
a commencé à diminuer, même s’il y a toujours eu des clients fidèles à la
qualité des marques proposées.
Ces dernières années, les commerces locaux ont fermé les uns
après les autres. Et aujourd’hui, si cela continue, Le Bizet va changer de nom,
il va s’appeler Tobacco City.»
Les modes se démodent…
La mentalité a aussi beaucoup évolué: «Les clients sont plus
exigeants qu’avant. Ils croient savoir mieux ce qu’ils veulent, mais ils
deviennent hésitants face à toutes les possibilités. Avant, il fallait avoir du
stock parce que les clients voulaient voir, palper, etc. Mais les modes se
démodent et l’on reste avec de la marchandise sur les bras.
Ensuite, nous avons travaillé davantage sur collection, avec
des livraisons rapides. Aujourd’hui, l’internet révolutionne les achats et l’on
se demande où ce processus va s’arrêter. Quant au métier de peintre, il est
encore possible d’en vivre, mais il faut s’adapter aux besoins des clients.»
Jusqu’à l’an dernier, Jeannine ne pensait pas à prendre sa
retraite, mais l’accumulation des années a fini par peser. Le magasin est en
liquidation totale jusqu’au week-end de Pentecôte, uniquement ouvert les mardis
et mercredis. S’amoncellent dans les rayons: voilages, papiers peints, pots de
peinture, toiles cirées, couvertures, tapis, etc.
«Ensuite, je vais déménager et retourner dans la maison de
mes parents, où je suis née, précise Jeannine, encore bon pied bon œil. Mais je
ne vais pas m’ennuyer parce qu’aime la lecture et que je vais rester dans le
monde. Jusqu’il y a peu, j’aimais bien aller sur la piste lors des repas
dansants mais, à mon âge, l’exercice devient plus difficile!»
Retraitée, Jeannine sait qu’elle ne restera pas seule. Son
fils Xavier, son petit-fils Jonathan et son arrière-petit-fils Mathéo
veilleront sur elle!
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